Messagepar Philippe Blanchard » 05 avr. 2020 11:43
J'ajoute ce papier de Jean Cettier, que j'ai dans mes archives je ne sais plus comment :
L'évènement
16 Janvier 1954
C'est la date d'une Assemblée Générale de l'Asproca (Association des propriétaires de Canetons), Série française de l'époque, au cours de laquelle fut prise une formidable décision qui devait marquer le futur du Yachting.
En ces années d'après guerre, un grand besoin de contacts internationaux se faisait sentir entre les coureurs.
Seuls, quelques clubs sélects organisaient des rencontres interclubs, avec les Anglais et les Belges dans le nord, et les Italiens à Nice et à Cannes. Malheureusement, ces rencontres avaient lieu sur le «bateau du club», sans véritable intérêt pour les coureurs.
Les têtes de la Série voulaient en découdre avec les Anglais, sur mer... Il fallait donc un dériveur international adapté aux eaux maritimes aussi bien qu'à nos rivières.
En 1952, des essais avaient lieu à Loosdreetch en Hollande, où une confrontation de divers dériveurs eut lieu, après le fiasco du «Tornado» commandé à UFFA Fox par l'IYRU.
Le «FD» domina le lot de ses 6 mètres, sur ces eaux plates.
Plusieurs «Canetons» participèrent à ces régates, ainsi que les «Thisle» américains, l'«Osprey» et le «Hornet» anglais.
Le «FD» fut reconnu comme bateau européen pour les eaux intérieures. Mais il ne pouvait convenir aux équipages d'alors, très enthousiastes, mais peu préparés physiquement.
En 1953, la FFYV organisa une nouvelle confrontation à La Baule, qui fut dominée par le «Coronet», dessiné par John Westell. Le «Coronet» est vraiment une nouveauté, de par la forme de sa coque, le pont avant bombé, les côtés formant caissons, les déflecteurs, le vaste cockpit, ainsi que par sa vitesse et sa maniabilité.
Il enthousiasme tous ceux qui prennent la barre.
Mais ce bateau mesure 5,50 mètres.
En Novembre 1953, l'IYRU, refroidie par ses expériences, promet de donner le statut international dès que son développement le permettra.
Alors, le Commodore Alain Cettier, prenant avis auprès des barreurs chevronnés, demande à John Westell, de raccourcir le «Coronet» pour le faire rentrer dans les restrictions du «Caneton». John Westell accepte et envoie les plans quelques jours avant l'Assemblée Générale.
Alors, Alain Cettier, soutenu par Jean-Jacques Herbulot, Jean Peytel, Jacques Lebrun, François Laverne, propose l'adoption de ce nouveau plan par cette Assemblée Générale.
L'assemblée vote à l'unanimité moins 4 voix... l'adoption, à partir d'octobre 1954.
Déjà un bateau est mis en construction dans un local mis à disposition par notre camarade D. Mozo. Le jeune Michel Bigoin exécute le moule, et réalise la construction du bateau.
Les matériaux avaient été, en grande partie, fournis par Mr A Coyaud, Directeur du journal «Les Cahiers du Yachting», les peintures par la société Querolles, les voiles par Marioles, etc...
Le bateau est mis à l'eau à Meulan, aux Rameaux 1954.
Après Pâques, un autre bateau navigue en Angleterre (Construit par Jack Chippendale).
Fin Août, à Ouistreham, six des sept bateaux construits, courent la Coupe Internationale par Équipes de l'YCIF, et l'association internationale est constituée, sous la présidence d'Alain Cettier.
L'IYRU reconnut le 5O5 comme bateau international en novembre 1955.
Il manque la consécration olympique, mais sa progression n'en est que plus régulière.
En 1954, cent bateaux sont construits. Il y en a 1170 fin 1960.
En 1963, 1700 bateaux ont vu le jour. Aujourd'hui, la numérotation atteint 5050 bateaux, répartis dans 37 Nations.
Nous savons que ce fut la révolution dans le Yachting léger, et que les objectifs des promoteurs ont été dépassés de très loin.
Le bateau a tenu ses promesses et même au delà. Il est un instrument merveilleux dans les mains expertes ou non. En plus de ses qualités «marines», de sa finesse de barre, de sa vitesse, de sa maniabilité, il apporte la joie de naviguer : les coureurs s'amusent.
C'est un étalon, et il le restera longtemps.
Ce fut vraiment, UN EVENEMENT
Jean CETTIER