decés de Pierre Toureau ,1er propriétaire de Belle de Mai

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Belle de mai
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decés de Pierre Toureau ,1er propriétaire de Belle de Mai

Messagepar Belle de mai » 06 mai 2015 19:16

Un grand Monsieur de la voile nous a quitté. En dépit de son grand age il venait souvent voir naviguer son fils.
Arnaud, toutes nos sincères condoléances.
http://www.ffvoile.f... ... sp?ID=3300
Condoléances à la famille.
famille.gautier@wanadoo.fr
Gwelloch an oberer eget kant lavarer.

Philippe Blanchard
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Re: decés de Pierre Toureau ,1er propriétaire de Belle de Ma

Messagepar Philippe Blanchard » 06 mai 2015 22:43

Une triste nouvelle, en effet.
Mais aussi une belle carrière dans la voile !

Il y a quelques années, tandis que je tenais le stand Cinquo au Salon Nautique, M. Toureau nous avait rendu une visite de courtoisie très agréable. Nous avions évidemment parlé des origines du 5o5, et je lui avais demandé de bien vouloir rédiger pour le bulletin un article sur cette naissance : il avait fait partie des concurrents au concours pour le choix du nouveau dériveur en double olympique en 1953.

Ce qu'il avait fait, et l'article fut aussitôt publié dans le prochain bulletin. En voici le fac-similé :

LA NAISSANCE DU 5o5
Par Pierre Toureau

A la fin de la guerre 39-45, la voile légère à deux équipiers se dispersait entre plusieurs séries de dériveurs. Tous répondaient à l’impératif de pouvoir être construits par des amateurs avec le matériau dont on disposait alors, le bois.
Cela conduisait à des coques à bouchain, avec de grandes surfaces planes faciles à travailler et à juxtaposer. Le Vaurien fut le précurseur de ce type de bateaux, d’autres suivirent nés du particularisme local et d’une concurrence commerciale naissante.
Le Caneton « Brix », du nom de son architecte, était l’un de ceux-ci. Grâce à une équipe dynamique la série se développa principalement en Normandie et dans la région parisienne. Je me souviens de régates à plus de 20 bateaux qui se disputaient à Muids, St Germain et en haute Seine, et aussi à Nantes sur l’Erdre par la suite.
Mais le Caneton était lourd, du fait des matériaux employés et des règles de la classe qui imposaient des échantillonnages superflus. A la demande des coureurs, les dirigeants décidèrent alors pour rénover la classe de créer le « caneton à restriction » en ouvrant un véritable concours pour les architectes amateurs. Car le Caneton Brix avait des dimensions et des formes bien définies, ainsi que son plan de voilure. La restriction permit de construire des bateaux ayant 5 mètres de longueur hors tout et dotés d’une voilure ayant une surface égale à celle du Brix ; de plus on diminua considérablement le poids minimum obligatoire.
Le succès fut immédiat car cette décision ouvrait la porte à l’innovation. Très vite des chantiers, des coureurs se mirent à dessiner et à construire des canetons à restriction. Il y avait des plans Herbulot, Cornu, Mouvet, et bien d’autres.
Un championnat de France fut institué, qui réunit plusieurs années durant près de 40 unités et ceci en différents points de l’hexagone.
Mon club de Montesson groupait une dizaine de ces unités, ce qui permettait des régates passionnantes.
Avec M. Duvergie, nous avons durant l’hiver 53 dessiné grandeur nature notre Caneton, ce qui immobilisa mon salon durant plusieurs mois et une fois construit, ce bateau nous donna entière satisfaction.
A cette époque j’étais déjà membre de la Class Policy à l’IYRU (ancêtre de l’ISA). Cette commission était chargée de contrôler la politique des bateaux légers – dériveurs et quillards de sport. Elle avait pour but de décerner à celles qui le méritaient le titre de classe internationale, et 2 ans avant les Jeux Olympiques, de choisir les classes qui seraient proposées au CIO. Aucun des bateaux existants ne donnait entière satisfaction. Il y avait bien entendu des dériveurs à deux équipiers et des solitaires dans chaque grande nation, mais il revenait à l’IYRU de proposer un bateau pour chaque type de compétition aux Jeux, solitaire et double. Pour le solitaire, le Finn déjà bien répandu fut conservé ; pour le double, il fut décidé d’organiser au printemps entre les différentes nations un concours pour sélectionner un dériveur léger à deux équipiers en vue des Jeux Olympiques. J’avais proposé la baie de La Baule, ce qui fut retenu.
Les 10 ou 12 bateaux participant à cette épreuve venaient d’Angleterre, Allemagne, Hollande, Suisse, Italie et France. J’avais amené mon Caneton et pour cette épreuve de haut niveau j’équipais François Laverue, un des meilleurs barreurs du moment. Les bateaux étaient rassemblés pour trois jours à Penchâteau, non loin du lieu où se trouve actuellement l’école de voile du CNBPP.

La plupart des bateaux participants étaient de conception classique, avec toutefois des innovations, telles que trapèze et planches de rappel. Chaque équipage avait l’espoir que son bateau serait retenu. Les constructeurs poussaient par derrière et avaient choisi de bons équipages (il y avait notamment Stuart Moriss).
Deux bateaux émergeaient du lot parce qu’ils étaient en forme et en bois moulé, le Flying Dutchmann et le Coronet, mené par son architecte John Westell. Ils étaient aussi plus longs que les autres, 6 m pour le FD, 5,5 m pour le Coronet. Ils portaient des voilures plus grandes, notamment le FD avec un foc recouvrant. Quant au Coronet avec sa coque aux rebords évasés pour faciliter le rappel et son absence de tableau arrière, il faisait sensation.

Les départs des épreuves étaient donnés du « Rosely », le croiseur du Dr Sourdille, Président du CN La Baule. Les 6 ou 7 épreuves disputées par temps moyen et léger clapot mirent en évidence la supériorité de ces deux bateaux sur les autres concurrents. Tandis qu’avec notre Caneton nous fîmes jeu égal avec les autres concurrents, y compris le Hornet, le Pirate et le Dinghy de 14 pieds.
Les performances du FD et du Coronet enthousiasmèrent les nombreux spécialistes et journalistes venus assister à ces essais, le FD se montrant plus rapide sur les longs bords, le Coronet supérieur quand il fallait tirer de petits bords car son foc était plus facile à passer et le bateau redémarrait plus vite.
Avant même la décision de l’IYRU de choisir le FD pour les Jeux Olympiques, car la série existait déjà en Hollande et en Allemagne, le Président de la Classe des Canetons eut l’idée de génie de faire rentrer le Coronet … dans la jauge des Canetons. Il demanda à John Westell de redresser légèrement l’étrave et de supprimer quelques décimètres de la partie arrière.
Ainsi est né le 5o5 qui profita des 5 cm de tolérance de la jauge des Canetons. Ceci explique pourquoi les premiers 5o5 arboraient dans leur voile l’insigne de ce volatile marin.
Le premier 5o5 fut construit à Paris dans un atelier situé près de la Porte St Denis ; il reçut durant son assemblage de nombreuses visites tellement sa sortie était attendue. Ses premiers bords furent tirés à Meulan au CVP par Jacques Lebrun, François Laverue, Jean Peytel, Jean-Jacques Herbulot, etc.
Ces essais furent si concluants que dès lors chacun de ces ténors décida d’en commander. C’est Alain Cettier qui centralisa les demandes et se chargea d’en assurer le suivi auprès du chantier anglais de Fairey Marine, spécialiste du bois moulé pour avoir construit avec cette technique des réservoirs de carburant pour les avions de la RAF.

Les coques emboîtées les unes dans les autres furent livrées au chantier Sampson à Sartrouville qui posa les puits de dérive, les caissons et les ponts. Chacun emporta sa coque pour l’accastiller ou la faire accastiller. Plusieurs autres livraisons eurent lieu par la suite suivant le même procédé.

Peu de temps après en avril 55 avec mon équipier Nelidof, nous eûmes la joie de participer à la première régate intersérie sur la Seine au St Georges Yacht Club près de Rouen. Aller-retour jusqu’à Duclair. Il y avait là en ce matin froid et brumeux une vingtaine de dériveurs de toutes séries.
En 3 bords après le départ, la cause était entendue, les concurrents tous derrière et le 5o5 n° 1 avait pris tellement d’avance sur le peloton … que nous dépassâmes la bouée de Duclair sans nous en apercevoir !
Au retour, même scénario, le 5o5 s’avérait un bateau formidable et tous les concurrents et spectateurs en furent conscients.

Le succès de cette opération est dû en premier lieu à la qualité du bateau qui correspondait aux exigences des plans d’eau intérieurs et aussi au désir de sensation que provoque en mer le surf sur les vagues dès la force 3. Une autre raison de ce succès est due au fait que le 5o5 n’était qu’un Caneton de plus et que toute cette grande famille de régatiers n’eut plus qu’une envie, celle de renouveler son matériel pour l’achat d’un 5o5, même si par souci d’économie certains réutilisaient leurs voiles de Caneton.
Ainsi en 2 ou 3 ans la plupart des canetonistes devinrent propriétaires de 5o5 en bois moulé. Mais l’ère du plastique débutait et les chantiers Lanaverre et Parker comprirent vite l’intérêt qu’il y avait de proposer des 5o5 en fibre de verre, tout en maintenant un pont en bois pour le look.
Sur le plan de l’animation, il fallait vite mettre sur pied un programme de régates nationales et internationales. Des Championnats du Monde furent courus deux fois à la Baule, puis à Weymouth et Göteborg. C’est au cours de ces épreuves que nous avons pu admirer la maîtrise de Pol Elström, Jacques Lebrun, Marcel Buffet et de nombreux anglais et australiens. Grâce à ces compétitions dont le niveau était très élevé, la candidature du 5o5 comme classe internationale était possible, et je n’eus aucune difficulté à convaincre l’IYRU de l’adopter. Mais par la suite je n’ai pas compris pourquoi la Classe n’a jamais été favorable à une accession aux Jeux Olympiques. Peut-être avec le recul a-t-elle eu raison ?
Une classe olympique est rarement une classe de grande diffusion.

Pierre Toureau
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Elisabeth
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Re: decés de Pierre Toureau ,1er propriétaire de Belle de Ma

Messagepar Elisabeth » 11 mai 2015 8:11

L' inhumation de Pierre Toureau se tiendra le mardi 12 Mai à 15h en l'église de MESNIL le Roi (78)
selon les informations données par la ligue.

Le comité départemental de voiles des Yvelines dont il était le bienveillant président d'honneur sera présent.
Elisabeth


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