Petite chronique d'une femme de cinquocinquiste

[Philippe Blanchard]

Les lecteurs assidus du forum auront constaté que le 8909 de Francis Doerenbecher et Philippe Wolff a changé de mains, pour aller en Pologne. A 70 ans, Francis tire sa révérence - en nous précisant toutefois qu'il reste disponible pour des piges, ce qui ne m'étonne pas ; j'espère qu'on arrivera à le convaincre de poser son sac à bord, car je le vois mal passer son temps à regarder les zoziaux dans son jardin !

Pour marquer le coup, sa femme Christine nous a écrit ces quelques souvenirs du bord de l'eau ...



Dure journée que ce samedi 8 mars 2015, gros serrement de cœur au départ du 8909 pour la Pologne, le 505 de Francis et Philippe s'expatrie, et l'équipage ne naviguera plus...
Pour moi, ce sont 46 années de vie commune avec le Cinquo qui prennent fin… pour Francis beaucoup plus, puisqu'il a commencé à naviguer en 1959 sur le 139 construit par son père à Bort les Orgues !

Quand on épouse un cinquocinquiste, on ne sait pas qu'on va devoir partager son homme avec sa monture, la Porsche des mers ! À moins de le suivre à bord...
Donc en 68, un beau viking repère une grande nana dont le gabarit semble idéal pour le trapèze, mais raté, elle craint la gîte et encore plus le chavirage ! Il faut dire que les débuts sur le Grand Canal d'Alsace furent souvent épiques, Francis prenant un malin plaisir à friser la moustache d'étrave des énormes péniches, ou à tanguer dans les remous de leur sillage, au risque de nous faire plonger dans le Rhin coloré aux teintes variées de la chimie bâloise, au milieu des préservatifs des folles nuits suisses ! Pas terrible !
Donc, je me contentai d'être confectionneuse de sandwiches, copilote pour les trajets, et fan-club pendant les régates...

Combien d'années passées, les yeux vissés aux jumelles, vibrant à chaque passage de bouée, à l'époque bénie où chaque 5o5 mettait un point d'honneur à monter un spi aux couleurs de berlingots ou de bonbons anglais, facilement reconnaissable du bord...
Combien de Lanaverre, Parker ou autre Galetti accastillés amoureusement par Francis au sous-sol, à moi les longues soirées d'hiver au coin du feu...
Combien de repas de la Classe se terminant par des jets de projectiles divers, et d'échanges de noms d'oiseaux avec l'ennemi héréditaire : les « Rossbeefs », comme Serge Erhart et Guy Bottlaender nommaient les équipages anglais... Quelle ambiance ! La série s'est bien assagie depuis !
Combien de milliers de kilomètres avons-nous avalés ! L'Alsace, c'est le bout du monde quand la régate a lieu à Maubuisson, Crozon, Kiel, Cork…
Combien de comptines, de chansons, d'histoires du Père Castor et autres, il a fallu raconter pour faire passer le temps aux 3 mouflets, qui fort heureusement atteignirent bien vite les mensurations adéquates pour se pendre au trapèze ( Ouf ! Je n'ai pas failli à ma mission ! )

Mais aussi combien de belles rencontres amicales avec les épouses des régatiers :
les Alsaciennes, Chantal de Restrepo, Anne Belztung, Mireille Erhart, Marie-Claude Guthmann, Véronique Brenet, Carole Blanchard, Florence Wolff... toutes jetant un œil à la régate, et l'autre sur leur progéniture. Les Bretonnes : Catherine Soulier et Annie, Marie Muzelec, les Parisiennes : Annie Boudier, Marie-France Lortat-Jacob, Patricia Gubri, sans oublier Ulrike Raguet, une des premières rencontrées. Je regretterai tous ces bons moments passés au bord de l'eau, en leur compagnie, et c'est à elles en premier que je fais un grand signe d'au-revoir, mais aussi bien sûr à tous les sympathiques équipages rencontrés au cours de ces 46 années !

Bon vent, les Cinquos français !

Christine Doerenbecher.

Bon ! C'est comme ça ! Pour illustrer, je vous remets cet article du bulletin concocté avec Francis un samedi matin à Troyes :

[ph.boite]

Encore un pilier de la 505 Class qui s'en va........le temps passe....Biz à vous 2...

[Elisabeth]

Philippe peut tu transmettre un énorme merci à la rédactrice de ma part?

parce qu'elle parle du cinquo passion qui dure,

parce qu'elle parle de son respect pour la passion de son mari, et de sa volonté de la partager, sans le restreindre,

parce qu'elle rappelle que le cinquo doit aussi rimer avec folie et joie, moments de partage et de découverte des autres qui trépignent sur la plage,

parce qu'elle nous dit sa peine de voir cela finit,

parce que j'ai bien ri à la lecture aussi,

merci

et des piges il y en aura non ??????

[muriel]

c'est beau, ...

[Philippe Blanchard]

et des piges il y en aura non ??????

J'espère bien ! En tout cas, j'y travaille !
J'aimerais bien qu'il participe au Régional Est à Plobsheim les 25 et 26 avril.