A utiliser si l’on forme un équipage léger ou débutant. Il y a des cas où le vent et la mer sont au-dessus de nos forces ou de nos compétences. Le gros temps en 505 requiert une certaine habitude et une parfaite symbiose de l’équipage dans les manœuvres. La moindre erreur, le moindre retard de manœuvre et l’on dessale. On n’a pas toujours les qualités requises. D’un autre côté rester à terre est quelquefois frustrant alors qu’on a fait des kilomètres pour courir une grande épreuve. On hésite et on pense qu’un chavirement est souvent à craindre et les conséquences peuvent être terribles surtout si le plan d’eau est peu profond (moins de 8 mètres c’est fréquent). Ça serait bête de casser le mât voire le bateau. Ne pas courir fait que l’on recule au classement général, c’est fatal ! On peut perdre là rapidement le bénéfice des manches précédentes où l’on a brillé car elles se sont courues par vent faible.
Ne pas déclarer forfait grâce à la voilure réduite
Par contre si l’on grée le bateau avec une voilure réduite (de la surface de celle d’un 470 ou d’un Fireball) on va (peut être, car ça reste quand même dur, le gros temps) pouvoir s’essayer à rester sur l’eau sans trop de peine et être quand même classé (c’est mieux et plus sportif que de se dégonfler … il faut remarquer que la dégonfle c’est souvent aussi la sagesse !)
Avoir préparé son coup
Voilà ! Il faut d’ores et déjà se préparer à rencontrer du gros temps un jour ou l’autre. Être prêt à cette éventualité. Il n’est pas question de bricoler rapidement au dernier moment.
Avoir une voilure réduite dans un sac
Donc, si l’on a un peu de garde-robe, on va choisir un foc Dacron aux dimensions classiques soit : 437/451 de guindant, 229 de bordure et 400 de chute. Le maître-voilier va entamer le guindant à 374 du point d’amure. La nouvelle chute – coupée avec un peu de négatif et sans latte – ira se joindre au point d’écoute. Les nouvelles dimensions deviendront alors :
374 de guindant, 229 de bordure (inchangée) et 360 de chute. Ça fait un bon paquet de surface en moins -surtout dans le haut-. Faut ça en moins surtout si l’on a un criquet au câble de trapèze.
Préparer la position du foc et du gréement (tranquillement un jour de beau temps sans vent).
- Enfiler ce nouveau petit foc sur un câble de guindant qui sera de la même longueur que celui de l’habituel foc. Hisser.
- Gîter le bateau sur la pelouse pour faciliter l’accès à l’amarrage des points fixes du nouveau réglage.
- On règlera l’angle de la tire de l’écoute de foc (bissectrice chute-bordure) en faisant glisser le tissu le long du guindant (plus ou moins haut).
- Après avoir trouvé le bon angle de tire d’écoute, fixer solidement le point d’amure du foc sur le point d’amure du câble.
- Ensuite pour tendre le tissu de guindant (assez pour effacer les plis) on reliera le point de drisse du tissu au point de drisse du câble en tendant avec une solide garcette.
C’est fini pour la position du foc ! Peut être sera-t-il bon de faire une sortie en mer pour terminer sur l’eau les derniers ajustements.
Coupe de la GV (par le maître-voilier)
Il attaquera en enlevant du tissu sur le bas de la GV (j’ai fait couper 30 cm de tissu et ça fait quand même une surface plus grande que celle des 470 et des Fireball). Bon ! Alors le mieux c’est de couper 40 cm voire 45 cm. La bordure tombe ainsi que la fenêtre. Il faut bien comprendre qu’en retirant 40 cm en bas de la voile c’est 40 cm que l’on aura en moins dans le haut et c’est ça l’important. En fait c’est comme si on avait pris un ris.
Le maître-voilier devra reposer une bordure. Refaire solidement des renforts de point d’amure et de point d’écoute. Poser un œillet de Cunningham ainsi qu’un œillet de ris de fond. Refaire une large fenêtre (il est bon de bien voir arriver les bateaux sous le vent quand il fait gros temps).
La Grand’voile réduite est prête à être hissée.
- Hisser la GV à l’aide de la drisse habituelle. Bien sûr il va manquer 40 cm de drisse pour pouvoir tendre le guindant. Dans ce cas il faut fixer une rallonge de 40 cm sur le point de drisse de la GV.
- Gîter le bateau sur la pelouse, ceci pour bien ajuster le réglage de la bordure, du guindant et ajuster le pré-cintre du mât à l’aide de la cale de mât.
C’est fini ! La GV et le foc sont à leur place.
On constate que la GV est plus basse de 40 cm et que ça fait un paquet de surface en haut qui disparaît. La bôme est toujours à la même hauteur.
Les derniers ajustements seront faits sur l’eau : plus ou moins de hale-bas. Peut être prendre un peu de Cunningham ou un peu tendre la chute à l’aide du ris de fond.
Le cas échéant il sera nécessaire de remonter la latte n°4 du bas pour éviter que la voile ne faseye.
P.S. Une voile réduite en Cinquo ne dispense pas du flotteur en tête de GV. Malgré la voilure réduite on peut se prendre une baffe plus forte et le chavirement peut amener à faire chapeau (si y’a pas de profondeur…ça va être le bagne !).
Ça a été notre cas alors qu’après avoir passé la ligne d’arrivée nous avons, Antoine et moi, décompressé, notre voilure réduite étant à la cape. Alors que nous étions tranquillement en train de casse-croûter, une rafale de 37 nœuds (force 8) a couché le bateau qui s’est retourné comme une crêpe. Hélas, nous avions déjà perdu notre flotteur qui s’était envolé (le bout, pas assez neuf, s’était cassé).
Je rappelle qu’il faut un flotteur de huit litres de volume – en polystyrène – fixé par un solide court bout sur la manille de drisse. C’est à confectionner à l’avance car impossible à bricoler au dernier moment (bouteilles plastique, bidon, gilet, etc., s’abstenir).
Bonne nav’ !
Marcel Buffet