Réglage du hale-bas par Jean Baptiste Dupont
Petit temps (force 0 à 2)
Dans le petit temps, on cherche à naviguer au près le plus serré possible car on ne gagnera pas en vitesse par rapport au chemin perdu si on abat légèrement. On a donc besoin d’une grand voile à l’entrée très fine, c’est-à-dire ne présentant pas de poche. De plus, le vent étant faible, il a peu d’énergie ; si la voile est creuse, le vent décroche sur la partie externe de la grand voile et des turbulences se forment. Pour éviter ce phénomène de décrochement, on aplatira au maximum la voile par action sur le bélier (qui devra être en position haute de traction vers l’avant du mât s’il le permet) et par une tension très forte dans les haubans. Cette combinaison, associée à un angle de barres de flèche suffisant, provoquera un cintre du mât fort qui aplatit la voile et affine son entrée.
L’autre phénomène dont nous devons tenir compte est la direction du vent apparent. En effet, elle n’est pas homogène en hauteur et au fur et à mesure que l’on s’élève, cette direction s’écarte de l’axe du bateau. De ce fait, pour présenter le bon profil sur la hauteur, la grand voile doit vriller très sensiblement. Voilà pourquoi dans ces conditions de vent, il ne faut prendre aucun hale-bas : même la plus petite tension dans le hale-bas nuira considérablement au rendement du bateau, ce qui arrive par exemple lorsque qu’un circuit de rappel de mou un peu trop efficace maintient une tension, si faible soit-elle, dans le circuit de hale bas. À l’extrême, une bôme trop lourde suffira à réduire le vrillage et à réduire le rendement de la voile, dans ce cas on aura même intérêt à la soulager !!! Étant donné que l’on veut remonter au maximum, et que la voile est très plate, on bordera la bôme au milieu voire au vent si le gréement d’écoute le permet, mais attention à ne pas tirer sur la bôme vers le bas car cela aurait le même effet néfaste que de prendre du hale-bas…
Petite brise (force 3)
On recherche la puissance et la vitesse bien que l’on ne plane pas au près. Cette puissance sera obtenue en creusant les voiles au maximum, ce qui s’obtient en redressant le mât et en relâchant la tension du gréement ; si besoin est un peu de cale de mât vers le bas peu aider à maintenir le mât bien droit.
La moindre traction du hale-bas aura pour effet d’aplatir la grand voile et ainsi de diminuer la puissance ; or c’est ce que l’on veut éviter, c’est pourquoi dans ces conditions de vent, il ne faut prendre aucun hale-bas, même aux allures du largue.
Brise établie (force 3-4)
L’équipier est maintenant au trapèze tout le temps et l’on commence à réduire la puissance du gréement par l’aplatissement de la grand voile et la prise de quête du mât. Pourtant le vrillage est encore utile car il favorise la vitesse, dans ces conditions on prendra un peu de hale-bas pour éviter que la bôme ne s’envole au vent arrière ; au près le hale-bas est à peine tendu.
Vent établi (force 5)
Dans ces conditions de vent, le bateau va très vite pourvu qu’on le maintienne bien à plat, ce qui n’est possible que si l’on aplatit le gréement par la tension des haubans et la prise de hale bas. On cherche aussi à diminuer la puissance du gréement par l’accentuation de la quête. On prend suffisamment de hale-bas pour que la chute de la voile soit tenue, sans hale-bas la voile se mettrait en drapeau et on aurait besoin de la border au milieu pour qu’elle prenne le vent, ce qui n’est pas efficace car cela fait gîter. Il faut donc prendre assez de hale-bas pour que l’extrémité de la bôme soit au dessus du bord extérieur du caisson sous le vent et la voile pleine du haut en bas. Le hale bas permet de contrôler le vrillage qui ne doit pas être excessif sinon le haut de la voile est inefficace. Le hale bas contribue déjà au cintre du mât ce qui tend à aplatir la forme de la grand voile et donc à diminuer la puissance du gréement.
Brise fraîche (force 6 et plus)
On doit soulager le bateau au maximum et naviguer à plat là aussi. On obtiendra ce résultat par une quête maximum, la tension dans les haubans, et un maximum de hale-bas pour tenir la chute de la voile. C’est dans ces conditions que la puissance du hale-bas va contribuer à la tenue du bateau car il va considérablement contribuer au cintre du mât ce qui aura pour effet d’aplatir la voile et donc de la rendre moins puissante.
Remarque importante : à chaque fois que la quête est modifiée, il faut ajuster le hale-bas. En effet si vous prenez plus de quête, le hale-bas est moins tendu par le fait du basculement sur l’arrière du gréement. Or il faut qu’il le soit autant ou plus puisque dans ce cas on cherche à soulager le bateau en ouvrant la chute du foc et en aplatissant la grand voile. Au contraire, si on relâche la quête, le hale bas sera plus tendu, accroissant le cintre du mât et aplatissant de ce fait la voile ce qui rend le gréement moins puissant : exactement l’opposé de ce que l’on cherche à faire en relâchant la quête !